• Le réalisme socialiste soviétique s’écrit « соцреализм » (prononcer « sotsréalism ») en russe, qui est la contraction de « социалистический реализм ».

     

    Qu’est-ce que c’est ?

     

    Le réalisme socialiste est un mouvement artistique apparu dans les années 1930 en Russie imposé par le gouvernement de l’URSS aux artistes afin d’utiliser l’art comme propagande plus discrète.

    Le réalisme socialiste, d’abord une méthode librement adoptée, devint une doctrine obligatoire et officielle dans le domaine de l’art. Il exige de l'artiste « une représentation véridique, historiquement concrète de la réalité dans son développement révolutionnaire »

     

    Le jdanovisme artistique :

     

    Andreï Jdanov (Андрей Жданов), (1896- 1948) est membre du Parti bolchévique (communiste) dès 1915, il en devient le chef à Léningrad (Ленинград) en 1934. Il encadre l’art soviétique, l’orientant vers le « réalisme soviétique » qu’il admire.

     

    Le jdanovisme représente les conceptions politiques rigoureuses d'Andreï Jdanov, qui encadrèrent étroitement toutes les productions artistiques d'Union soviétique, définissant le « politiquement correct » à cette époque. Il consistait à réduire l’intégralité du domaine culturel à des concepts optimistes et scientifiques où chaque symbole correspondait à une valeur morale déterminée. Cette méthode artistique imposée peut être synthétisée par : « Le vin est objectivement bon... l'artiste doit rendre la bonté du vin, non le vin lui-même. » (Roland Barthes, écrivain français)

    À partir de 1946, il définit une nouvelle conception de la création artistique, valable pour tous les pays qui lui sont soumis. Il formule des directives plus précises sur la création artistique et la pensée scientifique qui vont mener au développement du  réalisme socialiste.

    Le Jdanovisme est donc l’ancêtre du réalisme socialiste.

     

    On présente comme des précurseurs du réalisme socialiste des écrivains comme Nekrassov (Некрасов), Pissarev (Писарев), Dobrolioubov (Добролюбов) et des peintres comme Répine (Репин)


    Définition officielle du réalisme socialiste donnée par le gouvernement :

     

    « Son essence réside dans la fidélité à la vérité de la vie, aussi pénible qu'elle puisse être, le tout exprimé en images artistiques envisagées d'un point de vue communiste. Les artistes doivent être dévoués à l'idéologie communiste » (Dictionnaire de philosophie de Moscou, 1967)

    L’artiste devait « avoir une connaissance approfondie de la vie humaine, des pensées et des sentiments, être extrêmement sensible aux expériences humaines et capable de les exprimer dans une forme artistique de qualité. »

    Concrètement, cet art offrait la possibilité de déterminer une « réalité » différente de la réalité vécue. Chaque œuvre devait présenter un triomphe du prolétariat sur la bourgeoisie, en accord avec les idéologies communistes, en camouflant le reste.

    Le terme « réalisme » est donc un terme mensonger pour désigner cette nouvelle forme d’art.

    Le réalisme socialiste était ainsi « un puissant instrument d’éducation du peuple, dans un esprit communiste. »

     

    La doctrine de réalisme socialiste s’imposa avec facilité car elle se présentait (mensongèrement) comme l’héritière d’une tradition nationale. De plus, on dissimula aux yeux de la population le conflit existant entre leurs intérêts spécifiques et les intérêts des artistes.

     

    Impact sur les arts :

    L’application de la doctrine aux différents arts produisit des effets variés et inégaux.

    La musique fut peu touchée puisqu’elle put se pratiquer sans être publiée et répandue. On trouve des œuvres qui affichent leur accord avec le réalisme socialiste comme la Symphonie no 5 de Chostakovitch (Шостакович) (http://www.youtube.com/watch?v=ogJFXqYEYd8) et la Symphonie no 6 de Prokofiev (Прокофьев).

    La peinture et la sculpture étaient elles, beaucoup plus vulnérables et furent obligées de revenir à un académisme artificiel et prérévolutionnaire étranger à toutes les traditions russes dans le domaine des arts visuels.

    On trouve des illustrations caractéristiques du réalisme socialiste en peinture comme Staline et Vorochilov au Kremlin de Guerassimov (Герасимов), Vorochilov faisant du ski, de Brodski, Matin, de Yablonskaya (Яблонская).

     Réalisme socialiste

    Staline et Vorochilov au Kremlin, Gherassimov

     

     

    Réalisme socialiste

    « V. Lénine (Ленин) et J. Staline (Сталин) » par P. Vassiliev (Васильев) (1930) — Dessin sur la parution du premier numéro du journal bolchevique "La Pravda" (Правда : la vérité), le 5 mai 1912. Ce journal a été crée sur l'initiative de Staline selon les indications de Lénine.

     

    L’impact sur le cinéma fut aussi important. De nombreux films ont été tournés pour glorifier Staline, par exemple le film L’inoubliable année 1919.

     

    Réalisme socialisteImage : vue du film : Les rebelles sont écrasés. Staline appelle les marins et les ouvriers à poursuivre l'ennemi sans répit et à le chasser du sol soviétique.

     

     



    L’impact particulièrement important de la littérature sur le public russe rendit le gouvernement extrêmement méfiant à l’égard des écrivains, car il était possible de glisser des significations cachées. Ainsi se forma un public russe capable de lire entre les lignes.

    Vassili Grossmann (Василий Гроссман), par exemple, est un écrivain qui a publié pendant l’URSS. Ses textes Pour une juste cause (За правое дело) et Tout passe (Все течет) (nouvelle sur le retour dans son pays d'un interné du goulag) furent publiés en Union soviétique dans une version largement censurée.

     

     

    Hymne national de l’union soviétique avant 1944 (Гимн Советского Союза)

    Musique de Alexandre Aleksandrov (Александр Александров) et paroles de Sergueï Mikhalkov (Сергей Владимирович Михалков) :


    Союз нерушимый республик свободных
    Сплотила навеки Великая Русь.
    Да здравствует созданный волей народов
    Единый, могучий Советский Союз!

    Славься, Отечество наше свободное,
    Дружбы народов надёжный оплот!
    Знамя советское, знамя народное
    Пусть от победы к победе ведёт!

    Сквозь грозы сияло нам солнце свободы,
    И Ленин великий нам путь озарил:
    Нас вырастил Сталин — на верность народу,
    На труд и на подвиги нас вдохновил!

    Мы армию нашу растили в сраженьях.
    Захватчиков подлых с дороги сметём!
    Мы в битвах решаем судьбу поколений,
    Мы к славе Отчизну свою поведём!

     

    Traduction en français :

    L'Union indestructible des républiques libres
    A été réunie pour toujours par la Grande Russie.
    Que vive, fruit de la volonté des peuples,
    L'unie, la puissante, Union Soviétique !

    Sois glorieuse, notre libre Patrie,
    Sûr rempart de l'amitié des peuples !
    Étendard soviétique, étendard populaire,
    Conduis-nous de victoire en victoire !

    À travers les orages rayonnait le soleil de la liberté,
    Et le grand Lénine a éclairé notre voie :
    Staline nous a élevés — il nous a inspiré
    la foi dans le peuple, l'effort et les exploits !

    Notre armée est sortie renforcée des combats
    Nous libérerons notre pays de ses vils envahisseurs !
    Nos batailles décideront de l'avenir du peuple,
    Nous couvrirons notre pays de gloire !

     

    Le formalisme

     

    Le formalisme est un mouvement artistique apparu dans les années 1920 et créé par l’école russe de critique littéraire pour contester contre le réalisme socialiste. Il fondait ses principes sur les qualités esthétiques et formelles en ignorant le contenu social. Le formalisme fut interdit par Staline en 1948 et remplacé par le réalisme socialiste.

     

     

    Mesures prises par le gouvernement :

     

    La police politique du gouvernement de Staline organisa de nombreuses déportations, voire exécutions, pour les artistes qui ne respectaient pas la doctrine du réalisme socialiste, notamment chez les écrivains qui furent plus persécutés que les autres du fait des significations qui pouvaient se cacher dans leurs textes.

    On censurait des œuvres jugées « décadentes »

     

    Début 1948, Jdanov accusa les compositeurs Prokofiev, Chostakovitch et Khatchatourian (Хачатурян) de « formalisme ».

    Le gouvernement promulgua alors un décret sur la « décadence » de la musique.

     

    Petit à petit de plus en plus de restrictions furent imposées.

    La censure organisée par Jdanov frappa tous ceux qui ne se pliaient pas aux nouvelles exigences

    Le grand cinéaste Eisenstein a souvent contribué à glorifier le régime Réalisme socialistesoviétique dans ses œuvres, mais a dû faire amande honorable quand son film Ivan le terrible fut produit, et dans lequel Staline y voyait une critique de sa propre tyrannie. Le film sera interdit.

     

     

    Réalisme socialiste

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    IVAN LE TERRIBLE


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